Née à Midleton (comté de Cork en Irlande) le 16 août 1905. Entrée dans la paix et la joie du Seigneur le 19 février 1998 à Wemmel (Archidiocèse de Malines-Bruxelles en Belgique).
Inhumée à Nevers (France), au cimetière Jean Gautherin, car c’est à Nevers que Veronica O’Brien commença son apostolat pour la Légion de Marie.
Louise-Mary était l’onzième enfant du couple O’Brien. Deux enfants naîtront encore après elle. Son père était médecin-chirurgien à Midleton, sa mère était une femme « distinguée, profondément pieuse », qui encouragea la prière en famille (angélus, chapelet, etc.). Piété, convivialité, joie régnèrent dans le foyer familial.
Les classes primaires terminées à Midleton, Veronica fut envoyée en Angleterre pour achever son éducation chez les sœurs de Sainte-Clotilde, à Eltham Park, près de Londres. Au cours d’un sermon, l’aumônier de l’école avait raconté la vie du père Doyle S.J. Elle en fut bouleversée et dit « qu’elle se sentait acculée à dire oui à Dieu. C’était comme la fin d’un duel où, vaincue, j’avais à m’incliner devant l’amour victorieux de Dieu. » (Les imprévus de Dieu, Fayard, 1993, p. 15).
Répondant à l’appel du Seigneur, elle s’entra chez les sœurs de Sainte-Clotilde, dont elle avait fréquenté́ le pensionnat à Eltham Park. Elle y prit peu à peu conscience que ce mode de vie ne correspondait pas à sa vocation et qu’elle était appelée à un apostolat plus direct ou l’évangélisation au sens large.
Après quatorze ans de vie conventuelle, sur les conseils de ses supérieures et conseillers ecclésiastiques, elle quitta la congrégation et se mit à chercher sa voie, en continuant à porter son nom de religieuse, Veronica, ce qui traduisait sa volonté de toujours rester personnellement unie au Christ en sa Passion.
Après bien des tâtonnements, elle découvrit la Légion de Marie, qui – sous l’impulsion d’un compatriote, Frank Duff, son fondateur – connaissait alors une étonnante expansion.
Un prêtre avait offert à Veronica un manuel de la Légion de Marie. Une des premières phrases la frappa: « La Légion de Marie, y est-il dit, est un organisme possédant, moyennant la fidélité à ses statuts et une énergie sans défaillance, le pouvoir de communiquer, grâce à Marie, la vie, la douceur, l’espérance aux Nations. » « Ces lignes, dira un jour Veronica, m’ont frappée et ont décidé de ma vie. »
À la veille de la Seconde Guerre Mondiale, après avoir assisté à Dublin à une seule réunion d’un « praesidium » (l’équipe de base de la Légion de Marie) elle quitta l’Irlande, à bord du dernier bateau, pour la France afin d’y implanter la Légion de Marie.
Après de nombreuses péripéties Veronica arriva finalement à Nevers au début de l’occupation de la ville par les Allemands. Au risque de sa vie (son passeport britannique lui valut d’être soupçonnée d’espionnage) et de celles des religieuses du couvent Saint-Gildard qui l’avaient accueillie, elle fonda la Légion de Marie à Nevers en août 1940.
Mgr Flynn, évêque de Nevers, a écrit sur les débuts de la Légion de Marie amorcée par Veronica : « Sans autre ressource que sa foi ardente, son amour de la Très Sainte Vierge, son rosaire et son Manuel, elle se met aussitôt à l’œuvre et, en dépit d’incroyables difficultés, réussit au-delà de toute espérance. Deus incrementum dedit (Dieu fit mûrir la moisson) » (Les imprévus de Dieu, Fayard, 1993, p. 59).
Après la guerre, elle parcourut la France où elle fonda plus de 800 « praesidia » en quelques 30 diocèses de France. Durant vingt ans, elle fut déléguée de la Légion de Marie, qu’elle fonda également en Belgique, en Grèce, en Turquie et en ex-Yougoslavie.
Son apostolat commun avec le cardinal Suenens (1950-1992)
Dans « Souvenirs et Espérances », le cardinal Suenens a écrit que la rencontre avec Veronica O’Brien en juillet 1947 « fera date dans sa vie ». Plus tard, dans « Les Imprévus de Dieu », il explique : « Au cours de la conversation, elle me parla de l’union avec Marie comme ouverture à l’Esprit Saint. Je perçus aussitôt qu’elle parlait d’expérience, avec une rare profondeur. »
Cette première rencontre ne fut pas sans lendemain. La seconde eut lieu à Lourdes,
en avril 1948, et fut le point de départ d’une étroite collaboration, qui dura un demi-siècle au service de l’Eglise. Doté d’une formation universitaire acquise à Cambridge, Veronica connaissait aussi parfaitement le latin. Ce qui a beaucoup aidé le cardinal Suenens durant le Concile Vatican II.
Le nombre de livres que le cardinal Suenens a écrit en collaboration avec Veronica fut considérable. Dans tous ses écrits, c’est le même appel qui est adressé aux chrétiens, un appel à participer à la mission essentielle de l’Eglise, c.-à-d. l’évangélisation. C’est dans le cadre de l’évangélisation qu’il faut situer les différentes rencontres de Veronica avec le pape Paul VI, dans les années ‘70.
Dans « Les Imprévus de Dieu », le deuxième volume de ses mémoires, le cardinal Suenens a décrit la vie de Veronica et leur collaboration. Au sujet du Renouveau, il a écrit : « en matière de discernement des esprits, ma tâche fut singulièrement facilitée par la collaboration constante de Veronica. Sa sûreté doctrinale, vivifiée par son expérience spirituelle hors pair, m’a aidé́ à dégager la présence authentique de l’Esprit et de ses charismes, des outrances ou déviations rencontrées en cours de route. »
Elle prit une part active à l’essor du Renouveau charismatique en Belgique, en France et aux Etats-Unis. Elle joua un rôle important dans l’élaboration des textes doctrinaux « Les documents de Malines », qui contribuèrent notablement à enraciner dans la tradition catholique l’enthousiasme charismatique, tout en mettant en garde contre certaines dérives fondamentalistes.
Le pape François, s’adressant au Renouveau charismatique a fait à plusieurs reprises référence aux « Documents de Malines », les décrivant comme documents de référence pour le Renouveau (2014-2015).
Son engagement dans la grâce du Renouveau Charismatique
Aux débuts du Renouveau charismatique, Veronica fut envoyée aux États-Unis par le cardinal Suenens. Voici sa réaction : … Il faut dire ‘oui’ à la grâce de Pentecôte et ‘non’ au Pentecôtisme; il faut dégager de son écrin la perle de grand prix et croire, d’une foi vivante et audacieuse, que l’Esprit Saint est toujours à l’œuvre dans son Église, miracles et charismes inclus, et être prêt à accepter ses surprises. »
Elle comprit d’emblée que le Renouveau n’était pas un « mouvement » ‒ étiquette trop souvent en usage en nos rangs ‒ mais que le Renouveau était une puissante grâce actuelle, un souffle, une motion de l’Esprit Saint, une grâce de Pentecôte, à capter par tous les baptisés et par tous les « mouvements », quels qu’ils soient. C’était là son espérance.
Mais cette grâce devait être reçue en pleine harmonie avec la doctrine de l’Église catholique. Et, à ce sujet, des ambiguïtés restaient à lever. Cette situation de brebis sans pasteurs, conduites par des leaders improvisés, rendait urgent le contact confiant mais direct des dirigeants catholiques du Renouveau avec le centre de l’Église: Rome. …
Le cardinal Suenens poursuit: … Lorsque les responsables du Renouveau songeaient à un nouveau Congrès International, le lieu, géographiquement le mieux adapté, leur paraissait être Porto-Rico. Veronica réussit à persuader les responsables de fixer le rendez-vous aux portes de Rome.
Durant un séjour aux États-Unis, Veronica fut invitée à donner une conférence à une assemblée œcuménique de pasteurs. Ce qui n’était guère d’usage dans un milieu où prévalent encore les recommandations de St. Paul aux femmes.
Elle leur dit ses espérances pour l’avenir œcuménique du Renouveau. A la fin de la causerie, elle se mit à genoux, demanda à l’assemblée de prier sur elle, et termina elle-même par une prière improvisée et par une invitation audacieuse qui émut l’assemblée.
« N’ayez pas peur, leur dit-elle, d’aller prier à Rome sur les tombes de Pierre et de Paul. Tous les chemins de l’œcuménisme aboutissent là ».
Elle ajouta ces mots inattendus : « Je vois en esprit qu’un jour le cardinal Suenens célébrera l’Eucharistie à Saint-Pierre de Rome, à l’occasion de la Pentecôte et y accueillera les pèlerins du Renouveau charismatique ».
Cette parole « prophétique », qu’elle me répéta plus tard, me parut si contraire aux usages romains que je la crus humainement invraisemblable et impossible. Pourtant, elle se réalisera un jour, comme on le verra, et prendra place dans l’histoire des « Imprévus de Dieu ». Le mémorable Congrès de Pentecôte à Rome en 1975, dû à l’initiative et à la médiation de Veronica, en union étroite avec Mgr Benelli, s’acheva donc au mieux.
En vue de dégager le Renouveau catholique de toute ambiguïté, et de l’immuniser contre une tentation ‒ sans cesse renaissante à travers les âges ‒ de réunir des chrétiens, par-delà leur Église, dans une supra-Église du Saint-Esprit, Veronica multipliait ses contacts, francs et féconds, C’est à partir de cette réflexion que le Cardinal Suenens a invité un groupe des leaders Américain dans sa résidence à Bruxelles où ils sont restés plusieurs années.
C’est à partir de cette équipe que l’ICCRO a été créé, ainsi qu’une revue de communion pour le Renouveau. Plus tard, sous l’influence de Veronica, l’ICCRO a été transféré de Bruxelles à Rome, d’où ce service a poursuivi son chemin.
Dans les mémoires du cardinal Suenens, « Souvenirs et Espérances » et « Les Imprévus de Dieu », le cardinal s’était rigoureusement interdit, par discrétion, toute allusion au roi Baudouin, ses rapports avec le roi ne relevant pas du domaine public. La mort inopinée du roi l’obligeait au contraire d’en parler.
Voici deux petits extraits d’une lettre de Veronica au roi Baudouin, publiée dans le livre du cardinal Suenens « Le Roi Baudouin, une vie qui nous parle » (pp. 25-26) :
« Il semblerait que la présente année pourrait être une année déterminante pour vous.
C’est pour cela que l’Esprit Saint désire vous faire réaliser plus clairement ce qu’est votre ‘job’ ici-bas, et c’est pourquoi il dédire vous révéler plus intimement ‘le secret de Marie’. »
« Je suis sûre lorsque vous aurez médité et prié les pages saintes, vous choisirez Marie
comme votre Reine et que vous l’accepterez comme votre Mère, plus encore que par le
passé. Après quoi, laissez-vous guider et inspirer par son tendre amour qui enveloppe
tous les détails de la vie. »
Dans les mémoires du cardinal Suenens, « Souvenirs et Espérances » et « Les Imprévus de Dieu », le cardinal s’était rigoureusement interdit, par discrétion, toute allusion au roi Baudouin, ses rapports avec le roi ne relevant pas du domaine public. La mort inopinée du roi l’obligeait au contraire d’en parler.
Voici deux petits extraits d’une lettre de Veronica au roi Baudouin, publiée dans le livre
du cardinal Suenens « Le Roi Baudouin, une vie qui nous parle » (pp. 25-26) :
« Il semblerait que la présente année pourrait être une année déterminante pour vous.
C’est pour cela que l’Esprit Saint désire vous faire réaliser plus clairement ce qu’est
votre ‘job’ ici-bas, et c’est pourquoi il dédire vous révéler plus intimement ‘le secret de
Marie’. »
« Je suis sûre lorsque vous aurez médité et prié les pages saintes, vous choisirez Marie
comme votre Reine et que vous l’accepterez comme votre Mère, plus encore que par le
passé. Après quoi, laissez-vous guider et inspirer par son tendre amour qui enveloppe
tous les détails de la vie. »
Laissons la parole au cardinal Suenens : « Ne pouvant plus, à son âge, s’offrir à porter
l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre, Veronica suscite et stimule des initiatives
variées qui permettent d’atteindre encore le même objectif. Il faut aimer et servir, dit-elle,
non seulement de tout notre cœur, mais aussi avec toute notre imagination. De là
les Initiatives FIAT. Celles-ci ont pour but d’intensifier la vie spirituelle et donc
apostolique des chrétiens. »
En tant qu’apôtre, Veronica le fut jusqu’à la fin de sa vie. Avec beaucoup de pédagogie,
elle s’efforçait de faire de chaque collaborateur un missionnaire de la Bonne Nouvelle et
cela, dans un très grand respect de la liberté de chacun. Ainsi, elle fut la fondatrice de
l’équipe apostolique qui, réunie autour du cardinal Suenens, devint l’Association FIAT.
Par le chapelet FIAT, une grâce de choix, nous entrons à présent dans un monde
surnaturel qui ne dépend pas de nos initiatives propres, et dont l’avenir va révéler la
fécondité à travers le monde. Il s’agit d’une expérience spirituelle vécue par Veronica
dans la nuit du 7 au 8 septembre, fête de la Nativité de Marie en 1984.
Le chapelet FIAT est introduit par la prière FIAT, qui est adressée au Saint-Esprit. C’est
ainsi que le chapelet FIAT unit l’Esprit Saint et Marie dans une même prière pour nous
aider à vivre la grâce de notre baptême.
Veronica souhaitait ardemment rejoindre la Maison du Père (1995-1998)
Elle reçut une première fois le sacrement de l’Onction des malades le 8 septembre
1995, fête de la Nativité de Marie, et à la joie de tous, elle reprit des forces.
Le 11 février 1998, en la fête de Notre-Dame de Lourdes, elle reçut à nouveau le
sacrement des malades. Très affaiblie, elle est passée de cette vie à la Vie le 19 février
1998, entourée de ses proches.
En guise de conclusion voici le message qui fut envoyé de la part de saint Jean-Paul II
à l’occasion du décès de Veronica: « Le Saint-Père vous assure de sa vive sympathie.
Il s’unit à l’action de grâce de tous les proches pour le service ecclésial, l’apostolat
marial et le rayonnement spirituel de cette personnalité marquante qui a beaucoup
apporté aux fidèles de plusieurs pays et spécialement de Belgique ». ■
Cecile & Roger Matthys/juin 2021
Veronica O’Brien fut une femme passionnée par l’évangélisation, vivant en union avec Marie, étant tout accueil à l’Esprit Saint.
Le secret d’agir de V O’B se trouve dans son union à Marie, l’ouvrant ainsi à l’Esprit Saint.